Ignace BILLING (1), pontonnier du génie militaire
Ignace (mon Sosa 46) voit le jour en Alsace le 31 juillet 1813 dans la ville de Molsheim, située 20 km environ à l'Ouest de Strasbourg. Comme c'est son premier fils, son père lui donne à la naissance le même prénom que lui. C'est une tradition assez courante à l'époque.
Place de l'Hôtel de Ville - Molsheim (Bas Rhin) Source : www.molsheim.fr |
Ignace est le fils d'Ignace BILLING (Sosa 92), charpentier et de Marie Françoise SCHOTT (Sosa 93), sa seconde femme, épousée neuf mois plus tôt. Le couple aura cinq autres enfants :
- Catherine née en 1815, décédée à l'âge de 4 ans,
- Joseph né en 1819. Il deviendra charpentier, comme son père et décèdera en 1860 à Molsheim en laissant une descendance,
- Un enfant male mort né en 1820,
- François Antoine né en 1822 qui décèdera à Molsheim en 1870,
- Catherine née en 1824, décédée à l'âge de 16 ans.
Le 12 mai 1835, Ignace entre dans l'armée comme recrue, en tant que Pontonnier 2ème classe, dans le Bataillon de Pontonniers de Strasbourg. Deux ans plus tard, il passe Pontonnier 1ère Classe. Les équipes de pontonniers sont des unités du génie militaire chargées de mettre en place, sur des cours d'eau, des ponts afin de permettre le franchissement de ceux-ci par les armées. Cette mission de génie militaire s’avère essentielle dans la guerre de mouvement, au cours de laquelle les armes les plus mobiles doivent pouvoir s’affranchir de tous les obstacles naturels pour atteindre leurs objectifs tactiques.
Ignace passe Maître ouvrier en 1838, Caporal en 1839, puis Sergent en 1840 du Bataillon de Pontonniers de Strasbourg. Le 1er janvier 1841, le Sergent BILLING entre dans le 15ème Régiment d'Artillerie Pontonnier de Strasbourg, dans lequel il restera affecté six ans.
15e régiment d'artillerie-pontonniers à Strasbourg (1855). Image contre-collée, illustrée par Frédéric Régamey pour l'ouvrage "Les garnisons d'Alsace au 19e siècle" de Fritz Kieffer |
Le 11 mars 1847, il est nommé Ouvrier d'Etat à la Direction d'Oran. Le 25 avril, il embarque à Marseille pour l'Algérie, colonie française, où il débarque après une traversée de trois jours.
Ignace arrive à Oran pendant la réorganisation de la ville par le général Lamoricière, avec la création de nouveaux quartiers (Médina Jdida, ville nouvelle). Entre 1841 et 1847, Oran voit une vague d'immigration européenne : 47 300 Français venus d'Alsace, des Vosges, du Dauphiné et du sud de la France, 31 000 Espagnols, 8 800 Maltais, 8 200 Italiens et 8 600 Suisses et Allemands (source Wikipédia). Devant la rapide croissance d'Oran, le développement d'un port adapté à l'envergure de la ville est décidé. Les premiers travaux commencent en 1848, il est fort probable qu'Ignace y participa, ainsi qu'aux travaux de développement de la ville.
Port d'Oran, Algérie - Source : www.cartorum.fr |
Le 22 décembre 1847, il obtient l'autorisation du Colonel Directeur du Service de l'Artillerie de la province d'Oran de rentrer en France pour se marier. Il épousera Marie Joséphine KAPPLER le 13 janvier 1848, dans sa ville natale de Molsheim. Ignace a 34 ans, Marie Joséphine 23 ans. Elle est fille de jardinier et femme de chambre à Molsheim. Les parents d'Ignace sont présents au mariage, son père étant âgé de 66 ans et sa mère de 64 ans. Joseph, son frère, est son témoin de mariage.
Intérieur de l'Eglise de Molsheim - Source Gallica |
Ignace repart après le mariage avec sa femme à Oran. Le couple habite Château Neuf, dans un ensemble fortifié, construit sur un éperon rocheux, qui surplombe le port. Malheureusement, l'année suivante, la ville est décimée par une grave épidémie de choléra. Entre le 11 octobre au 17 novembre 1849, 1 817 décès sont déclarés à l’état civil. Marie Joséphine KAPPLER en fera probablement partie et décèdera le 14 novembre 1849 en leur domicile de Château Neuf, à seulement 25 ans. Ignace venait d'apprendre le décès de sa maman un mois plus tôt. Marie Françoise SCHOTT s'est éteinte à 66 ans, le 11 octobre 1849 en son domicile à Molsheim, bien loin d'Oran.
Cimetière espagnol du fort San Fernando de Ras El Ain Source : www.tarambana.over-blog.com |
Les victimes chrétiennes du choléra sont enterrées dans le cimetière espagnol du fort San Fernando de Ras El Ain, appelé depuis le "cimetière des cholériques". Saturé après l'épidémie, un nouveau cimetière chrétien a vu le jour.
Veuf, il restera à Oran jusqu'à sa prochaine affectation. Le 25 septembre 1850, Ignace embarque au port d'Oran pour déparquer trois jours plus tard en France, pour une nouvelle vie.
Suite dans Ignace BILLING (2), ouvrier d'Etat.
Commentaires
Enregistrer un commentaire